• Familles de France, je vous hais ! (21 août 2011)

    Retour sur la leçon 3, avec Chesterton in Hérétiques :

    Familles de France, je vous hais ! (21 août 2011)

    Photo : une des oeuvres de Christian Lapie dans le cadre de "L'art dans les jardins".

    Le meilleur moyen pour un homme d'éprouver sa faculté de s'accommoder à la diversité commune des humains serait de descendre par la cheminée dans une maison choisie au hasard et de s'arranger de son mieux avec les habitants. C'est là essentiellement ce que chacun de nous a fait le jour de sa naissance. Telle est, en effet, la sublime et particulière aventure de la famille. C'est une aventure parce qu'elle est un coup de dés. C'est une aventure parce qu'elle mérite tous les reproches de ses ennemis. C'est une aventure parce qu'elle est arbitraire. C'est une aventure parce qu'elle existe naturellement. Quand vous avez des groupes d'hommes constitués par un choix rationnel, vous avez une atmosphère spéciale, une atmosphère de secte. C'est quand vous avez des groupes d'hommes constitués sans choix rationnel que vous avez des hommes. Alors, l'élément d'aventure commence à exister, car une aventure est en soi une chose qui vient à nous. C'est une chose qui nous choisit et non pas une chose que nous choisissons. (...) Si nous voulons que la vie soit un système, c'est là un inconvénient ; mais si nous voulons qu'elle soit un drame, c'est là un point essentiel. (...) Un homme dirige bien des choses dans sa vie ; il peut en diriger un nombre suffisant pour devenir le héros d'un roman. Mais s'il pouvait les diriger toutes, il deviendrait un tel héros qu'il n'y aurait plus de roman.

    Familles de France, je vous hais ! (21 août 2011)

    Photo : bulles de la fête foraine, ancienne place Royale, dans le cadre des fêtes de la Mirabelle.

    Et la raison pour laquelle la vie des riches est au fond si plate et si dépourvue d'évènements, c'est simplement qu'ils peuvent choisir les évènements. Les riches s'ennuient parce qu'ils sont omnipotents. Ils sont incapables de goûter l'aventure parce qu'ils la créent eux-mêmes. Ce qui rend la vie romanesque et pleine de possibilités ardentes, c'est l'existence de ces grandes limitations naturelles qui nous forcent tous à subir les évènements que nous n'aimons pas et que nous n'attendons pas. C'est en vain que nos contemporains dédaigneux parlent d'avoir à vivre dans des milieux antipathiques. Etre mêlé à une aventure, c'est être dans un milieu antipathique. Etre né dans ce monde, c'est être né dans un milieu antipathique, et par conséquent être né dans une aventure. De toutes ces grandes limitations et de ces cadres qui façonnent et créent la poésie et la variété de la vie, la famille est la plus définie et la plus importante. Ainsi est-elle incomprise des modernes qui s'imaginent que le roman pourrait atteindre son apogée dans un état absolu de ce qu'ils appellent liberté. Ils pensent que si un homme faisait un geste et que le soleil tombât du ciel, il réaliserait une action étonnante et romanesque. Mais ce qu'il y a de réellement étonnant et romanesque dans le soleil, c'est qu'il ne tombe pas du ciel. Ils cherchent sous toute espèce de forme un monde sans limitations, c'est-à-dire un monde sans contours, c'est-à-dire un monde sans forme. Il n'y a rien de plus bas que cette infinité. Ils disent qu'ils désirent être aussi forts que l'univers, mais en vérité ils désirent que l'univers entier soit aussi faible qu'eux. 

    « Civilisation médiévale (17 août 2011)La pelouse n'aime pas Metz Plage (28 août 2011) »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :