• Civilisation médiévale (17 août 2011)

    Dentelle du bon Dieu

    Le pays messin

    Chapelle de la crypte de la cathédrale

    Vice de construction

    Civilisation médiévale (17 août 2011)

    Civilisation médiévale (17 août 2011)

    Il est arrivé quelquefois dans l'histoire - peu souvent - qu'une société humaine s'exprimât tout entière en quelques monuments parfaits et privilégiés, qu'elle sût faire tenir en des oeuvres léguées aux générations futures tout ce qu'elle portait en soi de vigueur créatrice, de spiritualité profonde, de possibilités techniques et de talents. De telles fleurs ne jaillissent et n'atteignent à leur épanouissement que lorsque la sève est pure et abondante, c'est-à-dire lorsque la société est féconde, harmonieuse, et qu'il existe dans sa masse cet instinct de création, cette ferveur spirituelle qui, portant l'homme mortel au-dessus de lui-même, le poussent à s'éterniser. De telles oeuvres ne naissent point par hasard, mais des patiences obscures et des grandes espérances, en un moment favorable du temps. Aussi marquent-elles le point culminant de la courbe que décrivent les sociétés humaines ; ce sont fleurs brèves de perfection.

    A travers elles, c'est toute la civilisation qui les a créées qui se laisse comprendre. (...) Le Moyen Age occidental a possédé, lui aussi, son oeuvre représentative. Il s'y est même exprimé avec une plénitude qui ne fut guère nulle part, ni en nulle époque, égalée. Pour lui, la fleur parfaite se nomme la Cathédrale. (...)

    Ce que fut la naissance, l'épanouissement de cet art chrétien durant les trois siècles qui commencèrent en 1050, on a peine à s'en rendre compte et on en demeure stupéfait. En aucun temps, aucune partie du monde a-t-elle jamais montré une fécondité si prodigieuse ? Partout, dans tous les pays où l'Eglise catholique guidait les hommes, une émulation joyeuse, une fièvre de création jeta les travailleurs sur les saints chantiers.

    De cette fécondité admirable, à qui faut-il attribuer le mérite ? Elle participe, il est certain, à la fécondité générale caractéristique du Moyen Age occidental durant ses trois siècles de gloire. La France, qui tenait alors le premier rang parmi les nations, se trouva occuper, tout naturellement, dans cet immense effort de création, une place à nulle autre pareille : c'est sur son sol que l'art roman dressa ses plus solides chefs-d'oeuvre, de son sol aussi que l'invention gothique partit à la conquête du monde. Mais cette France créatrice était chrétienne ; cet effort créateur partout manifesté à travers les provinces de l'Occident, c'était la foi chrétienne qui l'ordonnait et lui conférait son vrai sens. la grande inspiratrice de toute cette entreprise, le guide qui indiqua aux artistes leur but et bien souvent leurs méthodes, ce fut l'Eglise ; on ne saurait trop marquer gratitude à celle qui, pour louer son Dieu, a proclamé et fait reconnaître par les hommes "la valeur unique de l'art" (Jacques Maritain).

    Civilisation médiévale (17 août 2011)

    Le roman fut le premier témoin de l'art médiéval en sa grandeur. (...) Profondément religieuse, cette architecture en quelque sorte horizontale, fait penser à la méditation silencieuse d'un moine ; elle correspond à une spiritualité tout intérieure et dont la vertu dominante est la foi. Si cet art se trouva dépassé, ce ne fut point parce qu'il avait échoué dans ses tentatives, mais parce que, techniquement, l'effort qu'il avait poursuivi avait préparé les hommes à trouver des solutions neuves, et aussi parce que dans sa retenue, il ne correspondait plus à l'élan d'une Chrétienté en pleine force, sûre de soi, et qui voulait exprimer dans la pierre sa vertu de prédilection : l'espérance, qui porte au-dessus de lui-même en le haussant vers Dieu.

    A qui, debout dans quelqu'une des grandes nefs gothiques, se laisse pénétrer par l'ambiance du lieu, deux impressions s'imposent tout à la fois : sensations physiques et émotions spirituelles. Suggestion puissante de l'essor vertical des lignes, pénétration, enveloppement par la clarté : nul ne peut s'empêcher de les subir. (...)

    Si les maîtres d'oeuvre des cathédrales n'ont été - du moins la grande majorité d'entre eux, - certainement pas mus par des intentions mystiques, il n'est pas sûr qu'ils aient consciemment voulu faire du beau. Et cependant parce qu'en eux circulait la sève de la foi et de l'espérance chrétiennes, ils ont naturellement fait du beau, du grand, du spirituel. (...)

    Civilisation médiévale (17 août 2011)

    Cet art, d'une ambition surhumaine, demeure profondément humain ; rien n'y atteint au colossal, à la démesure qu'on voit dans les temples romains de la décadence. De même que la sculpture de la cathédrale gothique restera liée à l'homme, à sa vie, aux apparences qui lui sont familières, son architecture même conservait la mesure humaine, ce qu'on peut constater en observant que les portes, les galeries de service, les balustrades d'appui, les marches d'escalier sont à l'échelle de l'homme ; conçues en fonction de lui. N'est-ce pas le profond humanisme de la doctrine thomiste qui se trouve rejoint ?

    Daniel-Rops

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